Nous sommes des maires et des conseiller·ère·s municipaux élu·es aux quatre coins du pays. Ensemble, nous représentons des millions de citoyen·nes issus de toutes allégeances politiques.
Chaque jour, nous sommes aux premières loges de la crise climatique. Ces dernières années, nous avons soutenu nos communautés alors que des incendies ont réduit des quartiers en cendres, que des inondations ont forcé des familles à tout abandonner, et que des vagues de chaleur ont tragiquement coûté la vie aux plus vulnérables.
Ces événements marquent profondément notre vision du service public. Impossible d’assister à la détresse de nos aîné·es pendant une canicule sans saisir l’urgence de fournir des logements abordables et sécuritaires. Impossible de consoler des familles qui ont tout perdu sans se demander comment mieux reconstruire. Et personne ne peut regarder ses enfants respirer une fumée toxique sans comprendre que le moment d’agir pour le climat, c’est maintenant — car plus tard, ce sera trop tard.
En tant qu’élu·es municipaux, la gestion de crise est dans notre ADN. Et nous savons qu’en période de turbulence, les citoyen·nes attendent de leurs dirigeant·es qu’ils ne fuient pas les défis, mais qu’ils se retroussent les manches et passent à l’action.
Aujourd’hui, en plus de lutter contre une crise climatique de plus en plus implacable, nous devons composer avec une guerre tarifaire injustifiée — lancée par notre plus proche allié — qui provoquera inévitablement de l’instabilité pour nos entreprises, des pertes d’emplois et une hausse du coût de la vie.
Face à ces tarifs, comme face aux feux ou aux inondations, retroussons nos manches pour venir en aide aux Canadiens et pour renforcer notre résilience afin de limiter notre vulnérabilité à l’avenir.
En cette période électorale, tous les ordres de gouvernement ont un rôle à jouer. C’est pourquoi nous proposons des mesures ambitieuses, mais réalistes, que le prochain gouvernement fédéral pourra mettre en œuvre dès son élection pour protéger notre économie, créer un véritable boom d’emplois et répondre à l’urgence climatique :
Ces projets sont porteurs. En plus de répondre aux deux grandes crises de notre époque, ils généreront des centaines de milliers d’emplois de qualité, ici même, dans nos villes, nos régions rurales et nos communautés autochtones. Ils utiliseront notre acier, notre aluminium, notre bois. Ils rendront la vie plus abordable, plus sécuritaire, et renforceront notre souveraineté économique.
Comment financer cette transition? Les ressources sont là. Il suffit de les réorienter efficacement. Par exemple, en mettant fin aux subventions aux énergies fossiles, et en appliquant le principe de pollueur-payeur, nous pourrions dégager des milliards pour financer cette transformation.
Cette réponse, c’est celle que l’urgence à laquelle nous faisons face exige. C’est pourquoi il est si décevant d’entendre certain·e·s voix suivre l’exemple de Donald Trump et tenter de ressusciter des projets de pipelines dépassés et impopulaires. Soyons honnêtes : ces nouveaux pipelines exigent d’énormes subventions publiques, piétinent la souveraineté autochtone, et nous condamnent à subir encore plus de catastrophes climatiques dans les années à venir.
Sur le terrain, peu importe leur allégeance politique, nos concitoyen·nes veulent la même chose : un bon emploi, un toit sûr et abordable, et l’assurance que leurs dirigeant·es ont un plan solide pour faire face à la prochaine crise — qu’elle soit climatique ou économique, qu’elle vienne de l’intérieur ou de l’extérieur.
Nous faisons face à une menace climatique croissante et à une attaque contre notre souveraineté économique. Nous pouvons — et devons — y répondre en même temps. À cette élection fédérale, engageons-nous en faveur de projets structurants qui protègent nos territoires, connectent nos communautés et préparent notre avenir.
Conseillère Samantha Agtarap, Port Moody
Conseiller Francis Allaire, Blainville
Conseiller Pierre-Luc Arsenault, Chandler
Conseiller Adam Baden-Clay, Antigonish County
Conseillère Lori Baldwin-Sands, St. Thomas
Conseillère Anne Barabé, Boucherville
Conseillère Haley Bateman, Niagara
Conseiller Jeff Bateman, Sooke
Mairesse Évelyne Beaudin, Sherbrooke
Conseillère Donna Bell, Sechelt
Maire Andrew Black, Tantramar
Maire Merlin Blackwell, Clearwater
Conseiller Loïc Blancquaert, Saint-Lambert
Conseiller Jacques Bouchard, Saint-Jérôme
Conseiller Phil Brennan, Severn
Conseillère Gabrielle Brisebois, Montmagny
Conseiller Riley Brockington, Ottawa
Maire Alan Brown, Butternut Valley
Mairesse Vickey Brown, Cumberland
Conseillère Jo-Dee Burbach, Stratford
Conseillère Sue Cairns, Kimberley
Conseillère Ruby Campbell, New Westminster
Conseillère Erin Caton, Guelph
Conseillère Leanne Caron, Guelph
Mairesse adjoint Marty Carr, Ottawa
Maire adjoint Godwin Chan, Richmond Hill
ConseillèreDebbie Chapman, Kitchener
Maire Scott Christian, Region of Queens
Conseillère Karen Cilevitz, Richmond Hill
Conseiller Jean Cloutier, Deschambault-Grondines
Conseiller Will Cole-Hamilton, Courtenay
Mayor Spencer Coyne, Princeton
Conseillère Catherine Craig-St-Louis, Gatineau
Conseillère Cathy Moore-Coburn, Georgian Bluffs
Conseiller David Croal, Gibsons
Maire Martin Damphousse, Varennes
Conseiller Tobin Day, Georgian Bluffs
Conseiller Tom Davis, St. John’s
Conseiller Etienne Decelles, Sainte-Angèle-de-Monnoir
Conseillère Kacy DeLong, District of Lunenburg
Conseillère Anik Des Marais, Gatineau
Conseillère Alicia Despins, Québec
Conseiller Sean Devine, Ottawa
Mairesse Corrie DiManno, Banff
Conseillère Deborah Doherty, Collingwood
Maire Rob Douglas, North Cowichan
Conseiller Étienne Dupuis, Crabtree
Conseillère Hilary Eastmure, Nanaimo
Conseiller Jon Farmer, Owen Sound
Conseillère Jane Fogal, Halton Hills
Maire Adrian Foster, Clarington
Mairesse adjoint Sarah Fowler, Tahsis
Conseillère Skylar Franke, London
Conseillère Danielle Fraser, Westville
Conseiller David Froh, Regina
Conseiller Pete Fry, Vancouver
Directrice de secteur Justine Gabias, Halfmoon Bay
Conseillère Chantal Garneau, Halton Hills
Conseillère Mélodie Georget, Mont-Saint-Hilaire
Maire Paul Germain, Prévost
Conseiller Derek Giberson, Oshawa
Conseillère Christine Gingras, Plessisville
Conseiller Rodrigo Goller, Guelph
Conseillère Alison Gu, Burnaby
Maire Pierre Guénard, Chelsea
Maire Marc-André Guertin, Mont-Saint-Hilaire
Conseillère Wendy Hall, Jasper
Maire Michael Hurley, Burnaby
Conseillère Bonnie Henderson, Stratford
Conseillère Tasha Henderson, New Westminster
Maire adjoint Benjamin Hendriksen, Yellowknife
Maire Greg Henley, Oxford
Conseillère Linda Heshka, Melville
Conseiller Doug Hillian, Courtenay
Conseillère Claire Holloway Wadhwani, Port Hope
ConseillèreJenn Houghtaling, Cumberland County
Conseiller David Huggins-Daines, Sainte-Adèle
Maire Richard Ireland, Jasper
Conseillère Rita Jain, Chelsea
Conseiller Michael Janz, Edmonton
Conseillère Laine Johnson, Ottawa
Maire Patrick Johnstone, New Westminster
Conseiller Evan Jolicoeur, Courtenay
Maire Todd Kasenberg, North Perth
Conseillère Theresa Kavanagh, Ottawa
Conseiller Jonathan Kerr, Comox
Conseillère Susan Kim, Victoria
Maire Sean Krausert, Canmore
Maire Dan Kutcher, Summerside
Conseillère Johanna Kwakernaak, Berwick
Conseiller Dominic Labrie, Chelsea
Conseillère Joy Lachica, Peterborough
Maire Guillaume Lamoureux, La Pêche
Conseiller Jérémy Laplante, Paspébiac
Conseillère Julie Lavoie, Beloeil
Conseiller Joey Leckman, Prévost
Conseillère Line Légaré, Saint-Adolphe-d’Howard
Conseiller Martin Leprohon, Saint-Basile-le-Grand
Conseillère Laure Letarte-Lavoie, Sherbrooke
Maire Adam Lordon, Miramichi
Conseillère Amy Lubik, Port Moody
Conseillère Cecilia Macedo, Laval
Conseiller John Manuel, Golden
Mairesse Maude Marquis-Bissonnette, Gatineau
Mairesse Marie-Andrée Mauger, Verdun, Montréal
Directrice de secteur Robyn Mawhinney, Strathcona Regional District
Conseiller Brian Mayes, Winnipeg
Conseiller Reid McAlpine, Markham
Mairesse Dorothy McCabe, Waterloo
Conseillère Melanie McCollum, Courtenay
Conseiller Ian McGrath, Truro
Conseillère Jessica McIlroy, North Vancouver
Conseiller Tom McLennan, Yellowknife
Conseillère Jennifer Meilleur, Comox
Conseiller Shawn Menard, Ottawa
Conseillère Kim Méthot, Saint-Basile-le-Grand
Former Mayor, David Miller, Toronto
Mairesse Nicole Minions, Comox
Maire Andy Morel, Rossland
Conseillère Wendy Morin, Courtenay
Conseiller David Morin, Mont-Saint-Hilaire
Conseillère Lenore Morris, Whitehorse
Conseillère Joy-Anne Murphy, Camrose
Directrice de secteur Alison Nicholson, Cowichan Valley Regional District
Conseillère Katrina Nightingale, Pemberton
Conseiller Troy Nixon, Fernie
Conseiller Vincent Noël, La Prairie
Conseiller Jérôme Normand, Montréal
Mairesse adjoint Sheilagh O’Leary, St. John’s
Conseiller Aaron Paquette, Edmonton
Conseillère Valérie Patreau, Outremont, Montréal
Local Trustee Laura Patrick, Salt Spring Island / Islands Trust
ConseillèreLeslie Payne, Nelson
Conseiller Chris Pettingill, Squamish
Conseiller Teale Phelps Bondaroff, Saanich
Conseillère Stéphanie Plante, Ottawa
Mairesse Valérie Plante, Montréal
Maire Jacques Poulin, Fossambault-sur-le-Lac
ConseillèreSherri Rollins, Winnipeg
Conseillère Bridget Ryan, Erin
Conseillère Maita Santiago, Burnaby
Conseillère Dianne Saxe, Toronto
Conseillère Margo Sheppard, Fredericton
Conseillère Alison Smith, Lunenburg
Conseillère Julie Simoneau, La Prairie
Conseiller Evan Spencer, Calgary
Mairesse Michelle Staples, Duncan
Conseillère Wendy Stephen, Kingston
Conseiller Dan Stevens, Chase
Conseillère Anne Stevenson, Edmonton
Conseiller Tony St-Pierre, Sooke
Conseillère Jenny Tan, Maple Ridge
Conseillère Keren Tang, Edmonton
Conseiller Kyle Tapper, Mackenzie
Conseiller Alvin Tedjo, Mississauga
Conseiller Daniel Tetrault, Burnaby
Conseiller Jonathan Théorêt, Chertsey
Conseiller Troy Therrien, Cumberland
Conseillère Natacha Thibault, Otterburn Park
Conseillère Isabelle Thibeault, Mont-Saint-Hilaire
Conseiller Senos Timon, Saskatoon
Maire Mathieu Traversy, Terrebonne
Conseiller Sam Trosow, London
Conseiller Alexandre Turcotte, Otterburn Park
Conseiller Benjamin Turcotte, Val-d’Or
Conseiller Tony Valente, North Vancouver
Mairesse Mélanie Villeneuve, Otterburn Park
Conseillère Mary Wagner, Langford
Conseillère Courtney Walcott, Calgary
Conseiller Nick Ward, Cumberland
Conseillère Pat Warren, Kawartha Lakes
Conseiller Alexandre Warnet, Laval
Maire Bob Wells, Courtenay
Maire David West, Richmond Hill
Conseiller Howard Williams, Wolfville
Conseiller Michael Wolfe, Richmond
Conseiller Jesse Wright, District of Mackenzie
ConseillèreJulie Wright, Waterloo
Conseillère Shanon Zachidniak, Regina
Conseillère Margaret Zwart, Clarington
En tant que leaders municipaux aux quatre coins du pays, nous sommes témoins, jour après jour, des impacts bien réels des changements climatiques dans nos collectivités. Chaleurs extrêmes, feux de forêt, inondations, tempêtes destructrices : les effets de la crise climatique se multiplient et leurs coûts deviennent impossibles à ignorer.
Depuis des décennies, nous sommes en première ligne des efforts visant à protéger les personnes, les familles et les infrastructures des aléas climatiques. Nous avons investi pour renforcer la résilience de nos communautés et pour réduire les émissions à la source.
Ces actions demeurent cruciales mais il est clair que, pour assurer la sécurité et la prospérité à long terme de nos collectivités, tous les paliers de gouvernement doivent en faire plus pour enrayer la crise climatique et accélérer la transition vers l’économie de demain. Un engagement fédéral plus ferme est indispensable pour atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre et bâtir une économie libérée des combustibles fossiles — des priorités maintes fois affirmées, mais trop peu concrétisées au cours des vingt dernières années.
Cette ambition est d’autant plus nécessaire à l’heure où des menaces sans précédent pèsent sur notre économie et sur la souveraineté de notre territoire. En réduisant notre dépendance aux énergies fossiles, nous protégeons notre économie contre la volatilité des marchés mondiaux et contre les pressions de partenaires commerciaux hostiles, tout en nous positionnant pour réussir dans une économie mondiale en voie de décarbonation.
En tant qu’élus municipaux, nous appelons le gouvernement fédéral à adopter une vision plus ambitieuse et des mesures plus audacieuses pour protéger l’économie tout en répondant à l’urgence climatique. Une stratégie cohérente qui articule les défis climatiques et économiques permettra de réduire les coûts liés aux impacts climatiques pour les municipalités, d’améliorer l’abordabilité au sein de nos communautés et de favoriser une prospérité durable pour l’ensemble de la population. Ce projet structurant, à l’échelle fédérale, générera des retombées concrètes tant pour le Québec que pour l’ensemble du pays.
Voici cinq grandes idées pour orienter nos actions dans la bonne direction. Elles ne constituent ni une liste exhaustive des mesures que doit prendre le gouvernement fédéral, ni un substitut aux efforts déjà engagés par l’ensemble des paliers gouvernementaux pour atténuer les impacts des changements climatiques et s’y adapter. Il s’agit plutôt de projets concrets et ambitieux, capables de générer des retombées majeures sur le plan climatique et de renforcer la résilience économique du Québec et du Canada — dès aujourd’hui et pour les générations à venir. Ces projets exigeront une forte coordination entre nos différents paliers de gouvernement.
L’électrification constitue l’avenir de l’économie canadienne. Pour répondre à la demande croissante des véhicules, bâtiments et industries, il faudra au minimum doubler — voire tripler — la capacité actuelle de production d’électricité à travers le Canada. Ce chantier d’envergure permettra à lui seul de créer quelque 60 000 emplois dans le secteur de l’électricité.
Parallèlement, il est essentiel de renforcer les interconnexions entre les réseaux régionaux afin d’assurer la fiabilité du système et de faire baisser les coûts pour les consommateurs. Le gouvernement fédéral peut assumer un rôle déterminant dans la promotion et la nature des interconnexions. Accélérer le déploiement d’un réseau électrique propre, d’est en ouest et jusqu’au nord, renforcerait considérablement la résilience du Canada face aux incertitudes des marchés internationaux.
Contrairement aux pipelines, qui traversent les territoires sans offrir de retombées locales significatives, les réseaux électriques génèrent des occasions économiques concrètes pour les collectivités et les entreprises qui s’y raccordent.
Un déploiement public des infrastructures de transmission à l’échelle canadienne nécessiterait un investissement estimé à 30 milliards de dollars au cours des prochaines décennies. Il s’agirait toutefois d’un investissement rentable, puisque la transmission d’électricité constitue une infrastructure génératrice de revenus. Ce projet permettrait également de libérer des investissements publics et privés majeurs dans les capacités de production d’énergies renouvelables (solaire, éolien, géothermique, marémotrice et hydroélectrique) — un potentiel déjà mis à profit par de nombreuses communautés autochtones.
Nos collectivités sont confrontées à une crise du logement d’une ampleur sans précédent. Pour répondre aux besoins d’ici 2030, on devra construire près de six millions de nouveaux logements, dont une part importante devra être hors marché afin de garantir l’abordabilité pour tous les types de ménages.
Le gouvernement fédéral a déjà assumé un rôle de chef de file en matière de logement, mais très peu d’unités hors marché ont été construites au cours des trente dernières années. Aujourd’hui, miser sur des constructions modulaires et à haute efficacité énergétique représente une occasion unique de conjuguer accessibilité au logement et la réduction des émissions de GES. Les investissements publics dans ce domaine peuvent également favoriser un aménagement du territoire durable, en privilégiant des quartiers piétonniers bien desservis par le transport collectif, et à l’abri des risques d’inondation ou d’incendie.
Fixer un objectif d’un million de logements abordables et éco-efficients au cours des prochaines années permettrait de faire une différence concrète sur le marché. Viser deux ou trois millions d’unités constituerait une véritable transformation à l’échelle du pays.
Bien que la construction de logements publics exige des investissements initiaux importants, elle permet la création d’actifs collectifs stables, tout en générant des retombées économiques significatives pour les travailleuses et travailleurs ainsi que pour l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement du secteur de la construction.
Les avantages de l’efficacité énergétique ne doivent pas se limiter aux nouvelles constructions. Rénover le parc immobilier existant représente une occasion unique de réduire les coûts énergétiques, de diminuer les émissions de GES et de stimuler l’emploi local.
Or, les programmes fédéraux de rénovation ont historiquement souffert d’un sous-financement chronique ou d’une durée trop limitée. Ces programmes ont surtout bénéficié aux ménages aisés habitant des maisons unifamiliales, laissant souvent de côté les ménages à faible revenu et les immeubles à logements multiples.
Le gouvernement fédéral a l’occasion de lancer une vaste vague de rénovations en finançant l’efficacité énergétique des immeubles à logements multiples et en offrant des travaux entièrement gratuits aux ménages en situation de précarité. Un investissement annuel de 2 milliards de dollars suffirait à concrétiser cette vision.
Ce chantier d’envergure permettrait de créer des centaines de milliers d’emplois à travers nos collectivités. De plus, la croissance de la demande pour des technologies comme les thermopompes offrirait d’importantes occasions de développement pour la fabrication locale. Les politiques d’achat du gouvernement fédéral pourraient être mises à profit pour créer une demande continue pour des produits et des matériaux fabriqués au Canada.
Au 19ᵉ siècle, le chemin de fer a été le pilier de notre économie. Au 21ᵉ, le train à grande vitesse peut jouer ce rôle de nouveau. Pourtant, nos territoires accusent un sérieux retard dans ce domaine à l’échelle internationale.
Un réseau de TGV permettrait de remplacer bon nombre de vols court-courriers et de trajets en voiture, tout en réduisant considérablement les émissions. Ce réseau doit être complété par un maillage d’autobus régionaux, essentiel pour relier les petites collectivités et assurer une couverture équitable du territoire. L’échec des sociétés d’autobus privées à livrer des services de transport collectif en régions exige l’intervention du secteur public.
Le projet Alto, qui vise le corridor Toronto–Québec, constitue une première étape importante. Mais il reste limité à une partie du pays et n’inclut aucun nouveaux services de desserte régionale par autobus. De plus, son modèle fondé sur un partenariat public-privé a montré ses faiblesses ailleurs.
Ce qu’il faut, c’est un véritable service public de TGV desservant le pays d’est en ouest au nord, soutenu par des réseaux d’autobus régionaux. Un tel projet entraînerait des bénéfices pour toutes les communautés qui y seraient reliées. Si l’ensemble des véhicules est électrique, les retombées climatiques seraient majeures. Par ailleurs, l’augmentation de la demande pour ces véhicules, couplée à des investissements publics dans le secteur manufacturier et des nouvelles normes de contenu canadien pourrait devenir un puissant moteur de développement industriel.
Les catastrophes survenues à Lytton, Jasper, Fort McMurray et Slave Lake illustrent les conséquences humaines dramatiques des changements climatiques. Ces communautés ne sont malheureusement pas des cas isolés. Sans action rapide à l’échelle mondiale, les dommages pour le Canada pourraient atteindre 100 milliards de dollars par an d’ici 2050.
Le gouvernement fédéral dispose des leviers nécessaires pour agir, mais les investissements actuels en adaptation demeurent largement insuffisants. Pourtant, chaque dollar investi en prévention permet d’éviter entre 13 et 15 dollars en pertes futures.
En cas de catastrophe, le gouvernement fédéral doit aussi jouer un rôle plus actif pour soutenir la reconstruction des communautés. Un soutien inadéquat ralentit leur relance et alourdit les impacts économiques. Désigner un ministre responsable de l’intervention et de la reconstruction serait une première étape essentielle pour bâtir une réponse plus rapide, plus cohérente et plus efficace. Le gouvernement fédéral doit également disposer des ressources nécessaires afin d’appuyer les efforts d’intervention et de reconstruction qui impliquent plusieurs paliers de gouvernement et de nombreux acteurs privés.
La loi fédérale oblige les pollueurs à assumer les coûts que leurs activités imposent à la société — généralement par des programmes de responsabilité élargie des producteurs ou des paiements directs aux gouvernements. Par exemple, en cas de déversement pétrolier, c’est à l’exploitant de l’oléoduc de financer le nettoyage. Pourtant, ce principe demeure largement inappliqué dans le contexte climatique.
L’industrie des combustibles fossiles est la principale source de pollution carbone au Canada, responsable de près du tiers des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle fédérale. Pourtant, elle n’est pas tenue responsable des dommages climatiques qu’elle engendre.
Pour appliquer concrètement le principe du pollueur-payeur à cette industrie, on pourrait instaurer une taxe sur les dommages climatiques — sous forme de surtaxe ou de redevance supplémentaire sur la production de pétrole, de gaz et de charbon. Les revenus générés seraient versés directement à un fonds national de résilience, d’intervention et de reconstruction. Selon le niveau de taxation retenu, des milliards de dollars seraient redirigés des activités polluantes vers la sécurité et la protection de nos collectivités.
Entre 2021 et 2023 — dernières années pour lesquelles des données sont disponibles — l’industrie pétrolière et gazière a généré 138 milliards de dollars de profits au Canada, tout en contribuant très peu aux efforts collectifs de lutte contre les changements climatiques. Malgré cela, elle continue de bénéficier d’un soutien financier massif de la part du gouvernement fédéral.
Ce soutien prend la forme de subventions directes à l’infrastructure, comme pour l’expansion de l’oléoduc Trans Mountain, ou encore de garanties de prêt et d’un financement public offerts par des sociétés d’État telles qu’Exportation et développement Canada. Ces subventions reviennent à imposer un prix négatif sur le carbone, ce qui a pour effet d’encourager davantage la pollution.
Bien que les montants varient d’une année à l’autre, les subventions fédérales à l’industrie fossile ont comptabilisé au moins 75 milliards de dollars au cours des cinq dernières années — un chiffre qui ne tient pas compte des échappatoires dans le système de tarification du carbone industriel, qui représentent à elles seules environ 3 milliards de dollars par an.
Mettre un terme à ces subventions libérerait chaque année plusieurs milliards de dollars en fonds publics, qui pourraient être investis dans la transition vers une économie plus propre, plus juste et plus durable.
Au-delà des dépenses directes, le gouvernement fédéral peut jouer un rôle clé pour stimuler les investissements sobres en carbone et générateurs d’emplois, en mobilisant une finance publique au service d’objectifs collectifs. Contrairement à l’Allemagne, à la Chine, au Brésil et à bien d’autres pays, le Canada ne dispose pas d’une véritable banque nationale de développement. Les sociétés d’État fédérales existantes soutiennent principalement les investissements privés à but lucratif.
La création d’une banque publique de développement, axée sur des projets climatiques d’intérêt public, permettrait de faciliter l’accès au capital pour les municipalités et les groupes communautaires.
Cette banque exigerait une capitalisation publique initiale de plusieurs milliards, voire de dizaines de milliards de dollars. Toutefois, en tant que prêteuse et détentrice d’actifs, elle générerait des revenus pour le gouvernement fédéral tout en accélérant les efforts de décarbonation portés par les collectivités et le secteur public à travers le pays.